Se regarder : un acte politique et réparateur
Pendant longtemps, je me suis évitée.
Je passais devant les miroirs sans m’y arrêter. Ou alors je m’y accrochais pour chercher ce qui clochait. Le pli du ventre. Les cernes. L’air fatigué. L’air trop. L’air pas assez. Comme si mon reflet était un tableau à corriger.
Mais un jour, je me suis regardée autrement. Non pas pour me juger. Non pas pour me comparer. Mais pour me voir. Juste ça : me voir.
Et j’ai compris que me regarder n’était pas seulement une question d’image. C’était un acte politique. Un acte de résistance.
Pourquoi politique ?
Parce qu’on nous apprend dès l’enfance à nous analyser. À nous corriger. À être belles mais pas trop. Séduisantes mais pas vulgaires. Douces mais pas invisibles.
Nous vivons dans une société qui nous vend constamment une version de nous à atteindre, à retoucher, à mériter.
Alors, poser son regard sur soi sans filtre ni violence, c’est refuser ce système.
C’est affirmer :
“Je n’ai rien à prouver. Je n’ai rien à gommer. Je suis là. Et je me regarde. Entière.”
Pourquoi réparateur ?
Parce qu’à force de se fuir, on s’abîme.
Parce qu’en refusant notre image, on refuse une part de notre identité.
Parce que le regard que l’on se porte est le premier lien d’amour que l’on tisse avec soi.
En se regardant avec tendresse, en se rencontrant dans le miroir, jour après jour, on ouvre un espace de réconciliation.
On n’essaie plus d’être parfaite.
On essaie d’être présente.